Vitiligo et Covid-19 : quels risques ?
A l’occasion de la pandémie de Covid-19, l’Association Française du Vitiligo a reçu plusieurs dizaines d’appels de personnes atteintes du vitiligo à propos des risques encourus, et qui se posent des questions légitimes quant à leur dermatose, leurs traitements, leur santé. Le Conseil d’Administration s’est donc tourné vers 3 membres éminents de son Comité Scientifique afin de recueillir leur avis éclairé.
En cas d’évolution de la situation, nous vous tiendrons informés par notre mission d’information des malades, des aidants et de la population. N’hésitez pas à relayer cet article !
Covid-19, vitiligo et système immunitaire
Le rôle du système immunitaire (système de défense de l’organisme) est bien connu au cours du vitiligo ; cependant cela ne veut pas dire que votre système immunitaire fonctionne mal face aux risques infectieux. Ainsi il n’y a aucune preuve qu’un patient atteint d’un vitiligo soit, par rapport à la population générale, plus à risque de contracter la maladie, plus à risque de développer une maladie plus sévère en cas d’infection.
Différents types de traitement du vitiligo
Concernant les soins locaux comme le Tacrolimus, Dermocorticoïdes : il n’y a aucune preuve qu’un traitement immunosuppresseur local aggrave l’infection par le Covid-19 ou augmente le risque de contracter l’infection.
Concernant les traitements immunosuppresseurs comme une corticothérapie générale (prise le weekend) généralement pour une durée limitée (12 semaines) ou un autre traitement immunosuppresseur : si la situation le permet, il peut être envisagé de suspendre temporairement le traitement et le reprendre lorsque la situation sanitaire sera favorable.
Concernant la photothérapie : il n’y a pas de risque à poursuivre la photothérapie. Cependant, compte-tenu des mesures sanitaires liées à la pandémie, il se peut que ces séances soient suspendues. Celles-ci pourront être reprises ultérieurement. Si la photothérapie est suspendue, il est conseillé de s’exposer très régulièrement au soleil dans la mesure du possible, sans crème solaire, et ce, jusqu’à ce que les plaques de vitiligo deviennent roses.
ATTENTION : certains patients reçoivent des traitements de fond pour une autre pathologie (exemple : corticothérapie générale au long cours et pris tous les jours) ; il est recommandé de NE PAS ENVISAGER D’ARRETER son traitement sans l’avis du médecin spécialiste qui a prescrit ce traitement.
Cependant, à ce jour, pour les patients sous traitement par voie orale : il n’y a aucune preuve qu’un traitement immunosuppresseur ou biologique aggrave l’infection par le Covid-19 ou augmente le risque de contracter l’infection, les maladies à risque sont les maladies cardio-vasculaires, pulmonaires, rénales, le diabète, l’obésité. Les maladies inflammatoires n’ont jamais été mentionnées par nos collègues chinois ou italiens. Une grande étude chez des patients atteints de maladies inflammatoires de l’intestin en Chine (plusieurs dizaines de milliers de patients) ne montre aucun cas d’infection, même chez les patients sous traitement immunosuppresseur.
En présence de signes d’infection :
- Surveillez votre température
- En cas de fièvre supérieure à 38°5, toux, douleurs : prévenez votre médecin traitant
- Protégez votre entourage (pas de contact direct, port de masque)
- Respecter les consignes énoncées sur le plan national
- Evitez les contacts (poignées de main…)
- Lavez-vous fréquemment les mains (eau et savon)
- Retrouvez toutes les informations officielles du gouvernement sur : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus
Les 3 signataires, membres du Comité Scientifique :
Pr Thierry Passeron / CHU de Nice
Pr Khaled Ezzedine / CHU de Créteil
Pr Julien Seneschal / CHU de Bordeaux