Réseaux sociaux : soyez vigilants !
Traduction de l’article publié le 03 septembre 2021, par ÉCRITURE MÉDICALE • Source : https://www.redaccionmedica.com/secciones/dermatologia/informacion-dermatologia-redes-sociales-bulos-9830
On trouve toute sorte de contenu sur les réseaux sociaux : plus ou moins intéressant, mais aussi plus ou moins véridiques… En l’occurence, 65% du contenu concernant la dermatologie sur les réseaux sociaux est « imprécis », selon une étude à laquelle ont participé les dermatologues Álvaro Iglesias-Puzasel et Eduardo López-Bran (photo) de l’hôpital Clínico San Carlos de Madrid.
Une étude menée par des dermatologues de l’hôpital clinique de San Carlos révèle que 64,7% des contenus partagés sur les réseaux sociaux concernant la dermatologie sont imprécis ou prêtent à confusion. Cette recherche a été publiée dans l’International Journal of Dermatology, après avoir analysé les publications sur 385 sites Web.
L’ouvrage, intitulé « Fake news in Dermatology : Résultats d’une étude observationnelle et transversale » est le résultat de recherches menées entre mars 2019 et mars 2020. Durant cette période, les chercheurs ont analysé les contenus relatifs aux problèmes dermatologiques partagés sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Pinterest et Reddit. Ceux-ci ont ensuite été comparés aux preuves scientifiques disponibles.
L’étudie indique que « 44,7% du contenu partagé sur Internet a été classé comme inexact ou trompeur et 20% comme déroutant, tandis que seuls les 35,3% restants peuvent être classés comme exacts ». De plus, « les contenus qui ont enregistré le plus grand nombre d’adeptes étaient ceux classés comme imprécis… avec le risque conséquent que cela implique auprès de la population », explique Álvaro Iglesias-Puzasel, dermatologue à l’hôpital Clínico San Carlos et l’un des chercheurs impliqués dans cette étude.
Inexactitudes et tromperies
Les pathologies et affections suivantes apparaissent comme les plus recherchées sur internet, parmi 385 sites web analysés :
- psoriasis (19,8% du contenu, sujet le plus partagé)
- eczéma (17,6%)
- alopécie (15,4%)
- mélanome (14,3%)
- cancer de la peau (13,3%)
- acné (9,7%)
- éruptions cutanées (8,9%)
- rosacée (1%).
Parmi les contenus partagés, celui avec le plus grand nombre de sites web et avec le moins de preuves scientifiques concerne l’acné (50%), tandis que la rosacée et l’eczéma enregistrent le pourcentage le plus élevé de contenu exact (respectivement, 43 et 42%).
L’étude souligne également que, non seulement la plupart des contenus partagés en dermatologie sur les réseaux présentent des inexactitudes, mais également que ces contenus, inexacts ou trompeurs, sont ceux qui suscitent le plus d’intérêt chez les utilisateurs. Ces contenus imprécis concernent surtout :
- la médecine alternative,
- les opinions individuelles,
- les articles non liés aux établissements de santé ou évalués par des pairs, c’est-à-dire par d’autres spécialistes.
Mise en garde des dermatologues
Les dermatologues avertissent que la divulgation de contenus liés aux problèmes dermatologiques, sans vérification scientifique « peut être un problème de santé publique« . En raison de la facilité pour les réseaux sociaux de partager rapidement et largement ces informations, certaines personnes prennent des décisions basées sur des informations imprécises qui n’ont pas été vérifiées par des spécialistes.
« L’accès à ces contenus et leur diffusion rapide et multipliée leur donnent une certaine crédibilité, mais sans aucune vérification scientifique. Ils influencent la prise de décision et l’adoption de certaines habitudes » ajoute le chef du service de dermatologie de l’hôpital clinique de San Carlos, Eduardo López Bran.
Tout cela peut miner la confiance du patient dans le spécialiste ou suggérer des traitements inappropriés ou inefficaces qui peuvent devenir potentiellement dangereux car « dans certains cas, la médecine conventionnelle a tendance à être discréditée. Il arrive parfois que le patient se rende à la consultation avec une idée préconçue de sa maladie et du traitement à suivre. Il s’interroge sur ce que le spécialiste lui prescrit, qui ne correspond pas aux remèdes suggérés par les médecines alternatives », ajoute Iglesias-Puzas.
Toutes les données de l’étude ont été extraites de sources d’information publiques et analysées indépendamment par ces deux dermatologues, et s’il y avait un désaccord entre les deux, l’opinion d’un tiers était médiatisée. Les chercheurs concluent que la plupart des contenus partagés sur les réseaux sociaux sont en-deçà des normes de qualité acceptables et proposent l’élaboration de guides et de codes de bonnes pratiques basés sur des preuves et des connaissances scientifiques pour contrer les contenus trompeurs et inexacts.