Le vitiligo chez les bébés
Vous le savez : votre association est toujours à votre écoute, à travers les permanences téléphonique du mercredi ou encore par échanges de mails. Et nous recevons fréquemment des questions à propos du vitiligo chez le bébé.
Afin de rassurer les mamans et papas inquiet·es, il nous a semblé important de vous fournir des réponses claires et validées par notre Comité Scientifique dans un article dédié. Pour cela, les Professeurs Ezzedine, Gauthier, Passeron et Seneschal ont pu nous apporter un éclairage et des réponses. Nous les remercions et espérons que cet article pourra répondre à vos éventuels questionnements en tant que parents.
Quand le vitiligo apparaît
Observer l’apparition d’un vitiligo, en étant adolescent·e ou adulte, suscite généralement des questionnements et des craintes. Mais quand on est parent et qu’on l’observe chez son nouveau-né, il peut être difficile de savoir comment réagir et comment obtenir un diagnostic clair. Les parents se trouvent parfois démunis face à l’observation de leur bébé, et des doutes autour d’un éventuel vitiligo.
On entend en effet souvent des questions telles que : « Je remarque une dépigmentation sur les fesses de mon bébé, dois-je m’inquiéter ? Dois-je changer de marque de couches ? Qui dois-je consulter ? Les zones dépigmentées vont-elles s’étendre ? Est-il trop tôt pour poser un diagnostic ? »…
Rappelons que le vitiligo est une maladie assez complexe, liée à des facteurs génétiques et non génétiques. Cette dépigmentation peut survenir à n’importe quel moment de la vie, n’importe quel âge, quelle que soit la couleur de la peau ou le genre de la personne, quel que soit son lieu d’habitation. Le vitiligo n’est pas contagieux ni douloureux, et il est aujourd’hui possible de le soigner. Par ailleurs, le traitement précoce du vitiligo (quelques mois après l’apparition des zones dépigmentées) présente plus de chances de fonctionner, en particulier si la dépigmentation est en phase active ; en effet, il est plus aisé et rapide de bloquer une poussée que de repigmenter les lésions.
Par ailleurs, puisque le personnel médical et les chercheurs utilisent parfois un vocabulaire bien spécifique, nous avons préparé un lexique qui vous permettra de décrypter les termes qui reviennent souvent…
Le vitiligo existe chez les bébés, mais reste exceptionnel
L’atteinte chez le nourrisson avant 3 mois est rare. Les taches observées sont le plus souvent des zones d’hypopigmentation dues à d’autres causes (notamment post-inflammatoires), et non pas un vitiligo. On observe également des naevis hypopigmentes, fréquents chez l’enfant.
Selon les études de référence, l’âge moyen du début de la maladie est entre 4 et 8 ans. Chez les enfants avec une peau claire, les lésions sont souvent détectées à la suite des premières expositions solaires, au cours du premier été. Les localisations des zones dépigmentées peuvent être classiques, même si parfois il n’est pas rare de voir des lésions au niveau de la région pelvienne (zone des couches / langes).
Compte tenu des diagnostics différentiels cités ci-dessus, il est indispensable d’obtenir un diagnostic dermatologique à l’aide d’une lampe de Wood, qui permettra de proposer la prise en charge adaptée.
S’il s’agit d’un vitiligo, le traitement dépendra de l’atteinte et de son activité : le plus souvent, un traitement topique sera proposé. Si le vitiligo est très actif, de petites doses de cortisone en mini-pulse, adaptées bien entendu à l’âge et au poids, pourront être envisagées. S’il ne s’agit pas d’un vitiligo (et ce sera le plus souvent le cas), la prise en charge se fera en fonction du diagnostic dermatologique.
Ne pas confondre vitiligo et piébaldisme
L’existence d’un vitiligo congénital (présent à la naissance) est controversée, mais il s’agit souvent d’un diagnostic différentiel avec une autre affection dépigmentante (rare et sans gravité) nommée le piébaldisme (« qui ressemble à la pie »).
Dr Yvon Gauthier nous explique plus précisément en quoi le piébaldisme diffère du vitiligo :
- existence quasi constante d’une mèche blanche associée à un triangle blanc frontal (White-Forelock) ;
- des zones hyper-pigmentées plus ou moins volumineuses au sein des zones dépigmentées, qui se répartissent sur la face antérieure du tronc et des membres, épargnant le dos ;
- apparition dès la naissance et relative stabilité tout au long de la vie,
- caractère familial : il résulte d’une mutation autosomique dominante du gène KIT (qui contrôle la colonisation de l’épiderme par les mélanocytes de l’embryon),
- les lésions hyperpigmentées se voient à l’âge adulte.
Cette photographie met en scène plusieurs membres d’une même famille souffrant de piebaldisme. Il n’existe pas de traitement médical pour le piébaldisme, mais on observe cependant d’excellents résultats après transplantation de mélanocytes de petites surfaces (re-pigmentation de la mèche blanche et du triangle frontal).