E-santé : quel avenir pour la dermatologie ?
L’Association Française du Vitiligo a participé aux premières Assises de la e-santé en dermatologie organisées par le laboratoire Almirall, dans les locaux du PariSanté campus. Des échanges très fructueux, qui suscitent aussi de nombreuses interrogations.
E-santé : craintes et avantages
Une série de tables-rondes a permis d’aborder 3 grandes thématiques :
- Quelles solutions numériques pour quelle amélioration de la prise en charge,
- Quelles solutions digitales pour les dermatologues,
- Quels enjeux pour la recherche en dermatologie.
Notre Présidente Martine Carré (photo ci-dessous) a participé à une table ronde visant à échanger et apporter des solutions à une « dermatologie numérique » pour améliorer les parcours de soins, les pratiques professionnelles, et la recherche en dermatologie en France. Sont également intervenus des acteurs des différents écosystèmes représentés : Ministère de la Santé, groupe Amirall, conseiller à la Cour des Comptes, PariSanté Campus.
Les échanges entre professionnels de santé, représentants des autorités de santé, entreprises de production d’outils et de plateformes, et représentants des associations de malades, ont permis de montrer clairement les avantages et les craintes face à l’implémentation inéluctable de la e-santé en dermatologie. En effet, la téléconsultation et la téléexpertise (prise de photos ou vidéos, envoi des images, diagnostic et recommandations de traitement) améliorent l’accessibilité et accélèrent la prise en charge, particulièrement dans les déserts médicaux.
La gestion des données de santé grâce aux dossiers médicaux électroniques permet également le partage des informations sur les patients de manière sécurisée, facilitant ainsi la coordination des soins.
Enfin, l’intelligence artificielle (IA) facilite le diagnostic par l’analyse des images, permet le triage et l’orientation des patients, aide la recherche et le développement des médicaments avec l’analyse de grandes quantités de données, permet la personnalisation des traitements. Mais elle doit rester « un outil », et la pose d’un diagnostic ne doit pas être complètement abandonnée à la machine !
L'intelligence artificielle (IA) dans la santé de demain
Si les fondations et les règles de base sont définies en ce qui concerne l’exploitation de l’IA dans le cadre de la santé, la France a été un vrai moteur pour l’Europe sur la définition de ces cadres. Il reste néanmoins beaucoup à construire : il faut encore mettre en confiance, rassurer, former et éduquer.
Plusieurs intervenants ont souligné les freins à une transition coordonnée et rapide vers le numérique dans le domaine de la dermatologie :
- Le stockage et le partage électroniques des données de santé soulèvent des préoccupations quant à la confidentialité et à la sécurité des informations personnelles,
- La mise en place de systèmes d’e-santé peut être coûteuse pour les établissements de santé et les dermatologues,
- Tout le monde n’a pas un accès égal aux technologies de l’information, ce qui peut créer des inégalités en matière de soins de santé,
- Les professionnels de la santé et les patients peuvent être réticents à adopter de nouvelles technologies,
- L’efficacité et la sécurité des solutions e-santé mises en place doivent être surveillées en permanence,
- Une période d’adaptation et de formation pour le personnel de santé est nécessaire pour garantir la sécurité des patients et le respect des réglementations,
- L’échange efficace de données entre les systèmes de santé électroniques, les hôpitaux, les cliniques et les professionnels de santé est indispensable,
- Les consultations en ligne peuvent manquer du contact humain et de l’empathie que l’on trouve dans une consultation en personne.
Pour les associations de malades, la formation, la sensibilisation et la confiance sont les leviers importants pour favoriser l’adoption et l’utilisation de technologies de santé numériques. Elles doivent devenir des partenaires clés pour garantir que les technologies de l’e-santé soient centrées sur les besoins des malades, accessibles à tous et utilisées de manière efficace.
La conclusion de Pr Khaled Ezzedine, membre de notre Comité Scientifique et dermatologue observateur de tous ces échanges, est claire : rien ne remplacera les dermatologues, qui de toutes façons ne sont pas suffisamment nombreux ; l’accompagnement humain par un professionnel de santé reste essentiel.
Ces assises ont permis de mettre en avant les opportunités et des pistes de travail pour développer, intégrer, connecter, évaluer la e-santé en dermatologie, en démontrant un engagement envers la sécurité, la confidentialité et la qualité des soins de santé numériques.