« Vitiliboy » : Edouard Bielle chante le vitiligo
Dans sa chanson « Vitiliboy », le chanteur Edouard Bielle a fait le choix d’aborder le sujet de l’apparition du vitiligo, et son évolution imprévisible. Nous l’avons rencontré pour en discuter avec lui !
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Chanter le vitiligo et son évolution
A quel moment de votre vie est apparu le vitiligo ?
C’était à 18 ans : ma première tache est apparue à l’entrée dans l’âge adulte ! Au début, j’ai eu des appréhensions notamment pour la vie intime, j’ai eu peur du regard des autres… Je me souviens qu’à l’occasion d’un voyage à New York, j’ai vu une policière noire avec du vitiligo, et ça m’a marqué parce que je me suis dit « je vais ressembler à ça ». Mais finalement j’ai décidé d’en parler librement avec mes proches, et puis je m’y suis habitué.
Quel rapport entretenez-vous avec cette maladie maintenant ?
Aujourd’hui, je n’en parle plus avec le mot de « maladie » car je ne le vis pas comme ça, je parle plutôt de « dépigmentation de la peau ». Les gens me disent souvent « je ne trouve pas ça dérangeant » ou « c’est plutôt joli, c’est original », mais moi je ne trouve pas ça joli. Quand tu es concerné tu sais comment tu étais « avant » et tu imagines comment ça va évoluer… Et chez moi, les taches ne sont pas harmonieuses ni symétriques : on dirait du Jackson Pollock, ça ne ressemble à rien du tout ! Mais je me rends compte que le vitiligo n’a pas d’impact négatif sur mes relations amicales, familiales, sentimentales… Je finis par ne plus y penser, hormis l’été avec le soleil et les coups de soleil.
« Je suis un Vitiliboy, je vois le temps qui passe comme personne »
Photo : Paul Dufort
La musique a été une aide pour vous ?
Oui depuis 3 ans, ça m’aide à penser à d’autres choses. De toute façon, dans la musique on cherche toujours à se différencier… Je pense que le vitiligo est une de mes différences et des choses qui me définissent. Mais même si je n’ai pas envie d’en faire un étendard et de le mettre en avant, je n’ai pas à en avoir honte non plus.
Comment est venue l’idée de la chanson « Vitiliboy » ?
J’ai écrit ce titre car c’était un thème original et jamais abordé dans une chanson avant, mais aussi pour dédramatiser le sujet, car on ne meurt pas du vitiligo et je ne voulais pas m’apitoyer sur mon sort. J’ai eu une enfance très heureuse, donc si le vitiligo est mon fardeau, je suis capable de le supporter. Pour moi, la chanson a été un peu comme une catharsis, une façon d’expier la pression que je me mettais depuis quelques années à voir mon corps changer. Mon label de musique a bien aimé la chanson, alors on l’a enregistrée, et on a fait des photos avec un dalmatien pour l’occasion…
Comment la chanson a-t-elle été reçue ?
Des personnes m’ont envoyé des messages sur Instagram, disant qu’elles avaient été touchées, que la chanson leur a parlé. C’est aussi pour ça que j’ai écrit cette chanson : si elle peut aider des personnes à prendre un peu de recul sur le vitiligo, à ne pas se laisser envahir par des sentiments négatifs, et qu’elles puissent reconnaître la sensibilité des mots car c’est une chanson avec des émotions simples…
« J’ai peur de ce que je verrai demain
Des bouts de moi qui s’évaporent
Un destin bizarre, bicolore
Que rien n’arrête
Que tout rendra plus fort »
Un artiste à suivre !
A travers ses chansons qui mélangent la variété post-yéyé et des influences plus contemporaines, Edouard Bielle nous invite dans un univers qui oscille entre l’élégance raffinée des années 70 et une lecture incisive du quotidien. Porté par des synthétiseurs envoûtants et une voix haut perchée, il nous entraîne dans des émotions où se mêlent mélancolie, amour et humour.
Son tout premier EP « Loverdose » est sorti il y a 1 an tout juste, le 13 octobre 2023 (Cracki Records). Vous pouvez aussi retrouver Edouard Bielle sur scène actuellement, lors de premières parties de concert. Il sortira son premier album en 2025, dont un premier extrait sera dévoilé en novembre prochain !