On vous l’annonçait en juillet dernier : la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé le traitement Ruxolitinib dans le cadre du vitiligo.
Cette information a fait naître beaucoup d’espoir chez les malades du vitiligo, en raison des résultats obtenus lors des essais cliniques. Elle a aussi soulevé beaucoup de questions légitimes de votre part, sur notre adresse mail et sur nos réseaux sociaux. Nous nous sommes efforcés de vous répondre au mieux, et nous vous partageons ici l’ensemble des informations complémentaires dont nous bénéficions, concernant cette étape importante pour le vitiligo.
Mise à jour Février 2023 : l’Agence Européenne du Médicament a publié un avis positif pour l’utilisation du « Ruxolitinib » dans le cadre du vitiligo en Europe ! • LIRE PLUS
Quand le médicament sera-t-il disponible en France ?
Vous êtes très nombreux à attendre ce médicament pour soigner votre vitiligo. Mais il va falloir être patient… En effet, les étapes de validation d’un médicament sont nombreuses, avant qu’il soit délivré sur le marché. Un médicament suit un processus scientifique très encadré et codifié. Il est particulièrement long et s’étale sur plusieurs années :
Les phases d’études cliniques permettent de confirmer l’intérêt d’un médicament dans le cadre d’une pathologie telle que le vitiligo. Ce délai est en général de 5 à 10 ans, mais le Ruxolitinib a déjà passé ces premières étapes. Voir le point 1 ci-dessous
Ensuite, le laboratoire qui souhaite vendre son médicament doit déposer un dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Le dossier du Ruxolitinib est actuellement en cours d’étude auprès de l’Agence Européenne du Médicament (EMA : European Medicament Agency) qui est en charge de l’évaluation du médicament pour l’Europe. L’avis de l’EMA devrait intervenir courant 2023 (période estimée : 2ème ou 3ème trimestre). Ensuite, chaque pays aura 1 an pour réguler la vente sur son territoire.
En France, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et la Haute Autorité de Santé (HAS) donneront leurs avis sur la sécurité du médicament proposé au public, ainsi que sur le service médical rendu (SMR) ou l’amélioration du service médical rendu (ASMR), ce qui conditionnera le niveau de remboursement par l’Assurance Maladie. Voir le point 2 ci-dessous
Enfin, des négociations auront lieu entre le Comité Economique des Produits de Santé (CEPS) et le laboratoire, afin de déterminer le prix du traitement sur la base notamment de l’ASMR, du prix des médicaments à même visée thérapeutique, des volumes de vente envisagés, de la population cible et des prix pratiqués à l’étranger. Voir le point 3 ci-dessous
En France, ce processus devrait demander entre 18 et 24 mois supplémentaires, soit une fourchette espérée d’accès au Ruxolitinib pour 2024-2025. L’Association Française du Vitiligo fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ces délais soient les plus courts possibles… avec votre indispensable soutien !
Pour aller plus loin :
En quoi cette information est-elle un événement pour le vitiligo ?
Le cas du Ruxolitinib pour le vitiligo est un cas d’école dans la mesure où il n’existe pas encore de médicament avec une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour le vitiligo. De plus, la maladie du vitiligo reste encore largement méconnue et même ignorée des autorités de santé et d’une large part de la communauté médicale, qui a toujours été démunie face au vitiligo et aux attentes des malades pour lequel le fardeau du vitiligo est plus qu’important. Mais l’espoir d’une arrivée sur le marché d’un médicament autorisé spécifiquement pour le vitiligo change la donne !
Aux Etats-Unis, cette crème (commercialisée sous le nom de Opzelura™ par le laboratoire Incyte) est le premier et le seul traitement approuvé par la FDA pour la repigmentation chez les patients atteints de vitiligo, et la seule formulation topique d’un inhibiteur de JAK (Janus kinase) approuvée aux États-Unis. Gageons donc que les agences nationales du médicament puissent autoriser rapidement la vente du Ruxolitinib pour le vitiligo non segmentaire dans les différents pays européens !
Qui pourra bénéficier de ce traitement en France ?
La Food and Drug Administration a approuvé, pour les États-Unis, le traitement sous forme topique (crème), concernant le vitiligo non-segmentaire, chez les malades adultes et enfants âgés de 12 ans et plus.
Pour ce qui concerne la France, rien n’est encore validé puisque l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et la Haute Autorité de Santé (HAS) n’ont pas encore donné leurs avis. Et avant cela, nous attendons la décision de l’Agence Européenne du Médicament sur le Ruxolitinib pour l’Europe.
Quelles sont les informations sûres et vérifiées concernant le Ruxolitinib ?
D’ici la mise sur le marché en France, assurez-vous de suivre nos actualités. L’Association Française du Vitiligo a été, est et continuera d’être à vos côtés pour vous donner les informations officielles et vérifiées.
En parallèle, nous vous conseillons de ne pas trop écouter les rumeurs sur le prix supposé du médicament (qui s’annonce ici et là en milliers de dollars… alors que le prix de vente à l’étranger n’est pas encore connu), ni de vous fier aux filières illégales de vente de médicaments (nous rappelons que le médicament n’est pas encore autorisé en France ni en Europe).
Par ailleurs, certains internautes peuvent même parfois diffuser, de bonne foi, des informations fausses ou non vérifiées. Alors, analysez bien les informations que vous lisez, recoupez-les avec celles que nous vous divulguons, pour éviter de tomber dans des pièges tels que des conseils sur la bonne utilisation du produit (seul un dermatologue pourra vous orienter sur ce point), ou des articles de « désinformation »…
Lisez aussi :
• Notre article « Le Ruxolitinib, efficace pour la repigmentation du corps et du visage » (mai 2022)
• Notre article « Ruxolitinib : résultats incontestables sur la repigmentation du visage » (juin 2019)
Le mardi 29 novembre prochain (de 10h à 16h30), la Fédération Française de la Peau organise sa 4ème conférence nationale à Paris, et nos adhérent·es peuvent y participer !
Une conférence nationale pour la peau
La Fédération Française de la Peau (FFP), dont l’Association Française du Vitiligo est membre, regroupe les associations de malades de la peau pour représenter les malades de la peau, mais aussi réunir, informer, défendre et soutenir les problématiques liées à la peau. Elle mène également de nombreuses actions pour susciter des recherches scientifiques.
Le mardi 29 novembre, elle organise donc une grande journée de conférences dans le cadre de ses missions de sensibilisation des professionnels de la santé et du public en général… et nos adhérent·es à jour de cotisation peuvent y participer gratuitement (l’inscription est obligatoire). Si vous avez l’occasion d’y participer, n’hésitez pas à vous inscrire en cliquant sur le bouton ci-dessous, et nous partager vos retours : plus le public sera nombreux, plus l’événement retentira auprès des instances officielles…
Pour bénéficier de votre ticket gratuit , c’est simple :
- cliquez sur le bouton ci-dessus puis sélectionnez les billets « Membre de la FFP » (à 0€)
- passez à l’étape suivante en bas de page
- ensuite, renseignez votre nom et prénom, précisez « Association Française du Vitiligo » (rubrique Organisation) et « adhérent » (rubrique Qualité) et validez en bas de page !
Le programme
L’événement se tiendra de 10h à 16h30, au Palais des Congrès de Paris. Les échanges visent à développer un lieu de connaissances, de débats, et susciter des propositions pour un meilleur accompagnement et prise en charge des malades de la peau.
10h00 Mots d’accueil
Madame Marie-Claude BOITEUX, Présidente de la Fédération Française de la Peau
10h05 Ouverture institutionnelle
Monsieur François BRAUN, Ministre de la Prévention et de la Santé (sous réserve)
10h10 « Les parcours de soins en dermatologie : enjeux et perspectives »
Professeur Nicolas DUPIN, Président de la Société Française de Dermatologie
Professeur Marie BEYLOT-BARRY, Vice-Présidente de la Société Française de Dermatologie
10h40 « La dermatologie pédiatrique : quelles spécificités ? »
Professeur Christine BODEMER, chef de service de dermatologie de l’Hôpital Necker – Coordinatrice de la Filière Maladies Rares en Dermatologie (FIMARAD)
11h20 Pause
11h30 « Parcours de santé : vers un accompagnement holistique du malade »
Intervenants de la DGOS, de la CNSA, d’une MDPH, de la CNAM, travailleur social, psychologue, Association de patients
12h30 Déjeuner (un buffet déjeunatoire sera proposé gratuitement sur place)
14h00 Ateliers thématiques
A partir de la synthèse des 4 réunions régionales organisées par la FFP et ses partenaires en octobre et novembre 2022, co-construction d’une contribution écrite en vue de faire entrer la dermatologie dans les projets régionaux de santé
16h00 Restitution des ateliers
16h30 Assemblée Générale de la FFP et clôture de la 4ème conférence nationale de la FFP
Même si le processus de destruction des mélanocytes dans la peau commence à être de mieux en mieux identifié, les origines ou sources de la maladie sont encore actuellement très mal connues, notamment car les causes du vitiligo peuvent être variées.
Lors des Rencontres Annuelles du Vitiligo 2022, Dr Yvon Gauthier (membre de notre comité scientifique) nous avait présenté le travail d’une équipe multicentrique de recherche « Vitiligo and Melasma Research Association », présentant une possible origine virale pour le vitiligo segmentaire. Il vient de publier un article (revue internationale spécialisée dans les troubles pigmentaires Pigment & Melanoma Research, 15 Août 2022) sur cette explication totalement novatrice, et a accepté de nous transmettre plus d’informations à ce sujet. Cet article précise la recherche menée avec l’équipe et les conclusions que l’on peut en tirer !
Analyse de l’article publié dans Pigment Cell and Melanoma Research : DR Yvon GAUTHIER (Vitiligo and Melasma Research Association, Dermatologue, ancien responsable de la consultation des troubles pigmentaires , Hopital Saint- André, Bordeaux). L’article complet, en anglais, est disponible ici.
Vitiligo et virus zona varicelle : des points de convergence
Le virus zona varicelle (VZV) pénètre dans l’organisme à l’occasion de la varicelle, maladie bénigne de l’enfance contractée par la majorité d’entre nous. Après guérison de la varicelle, ce virus ne disparaît pas complètement de l’organisme et va se réfugier dans deux types de structures nerveuses : les ganglions spinaux sensitifs et les ganglions végétatifs (système nerveux sympathique), répartis de part et d’autre de la colonne vertébrale.
Le virus VZV peut rester « dormant » durant toute la vie sans causer aucun trouble. Malgré tout, on peut le détecter « post mortem » dans les ganglions nerveux (sensitifs et végétatifs) de sujets ayant eu uniquement la varicelle durant l’enfance. Malheureusement, ce virus « à l’état dormant » peut se réveiller dans certaines circonstances (baisse de l’immunité, traitements immunosupresseurs, grand âge, sida, etc.). Il retrouve alors toute sa virulence : on parle de « réactivation« . Les VZV réactivés dans un ganglion sensitif vont cheminer le long d’un nerf sensitif, jusqu’à la peau où ils déclenchent une éruption vésiculeuse douloureuse appelée « zona ». Cette éruption va se développer exactement dans le territoire d’innervation sensitif (dermatome) correspondant au ganglion sensitif où s’est effectuée la réactivation.
Selon le type de vitiligo, les zones dépigmentées sont plus ou moins étendues, plus ou moins intenses, allant de la décoloration partielle à l’absence totale de la couleur naturelle de la peau. Le vitiligo dit « segmentaire » est une dépigmentation unilatérale, localisée, qui progresse rapidement dans les premières semaines avant de se stabiliser pendant plusieurs années tout en restant unilatérale. Des récidives sont cependant possibles, de la même façon que pour l’herpes, autre virose cutanée.
Curieusement, certaines formes de vitiligo segmentaire peuvent se développer sur un territoire « quasi dermatomal » comme le fait le zona. Et d’autres points de convergence existent entre ces deux affections ! En effet, d’une manière exceptionnelle, un zona peut se développer à la surface d’un vitiligo segmentaire, et inversement, un vitiligo segmentaire peut succéder à un zona.
Photo : un exemple de vitiligo segmentaire (Dr Y. Gauthier)
À partir de ces constatations, l’équipe du Dr Gauthier a recherché les signes biologiques caractéristiques rétrospectifs témoignant d’une atteinte virale par le virus zona varicelle (qui sont retrouvés régulièrement au cours du zona), au niveau de la peau du vitiligo segmentaire :
- Après avis favorable du comité d’éthique, 40 biopsies cutanées de quelques millimètres ont été pratiquées sur des patients volontaires à la consultation des troubles pigmentaires du Pr Benzekri (Service de Dermatologie de l’Hôpital Ibn Sina Rabat Maroc, également membre de notre Comité Scientifique)
- Puis, ces prélèvements ont été analysés par l’équipe du Dr Gauthier, comprenant des experts en Pathologie, Immunobiologie, Virologie, Biologie Moléculaire, Microscopie Electronique et Statistique.
Que conclure des résultats observés ?
Dans un premier temps, des signes histologiques caractéristiques, qui témoignent a posteriori d’une infection virale préalable (fusion cellulaires, cellules géantes multi nucléés), ont été retrouvés dans la peau d’un nombre important de vitiligos segmentaires. Secondairement, en immunochimie, l’équipe menant la recherche a détecté, chez les patients vus très précocement avec un vitiligo très extensif, une positivité concernant le virus Zona-Varicelle (la Microscopie Electronique a permis d’observer dans 3 de ces cas la présence de virus Zona-Varicelle (VZV), dans quelques mélanocytes et fibres nerveuses sous épidermiques).
Facilement identifiables, ces virus sont retrouvés dans les zonas mais aussi dans les vitiligos segmentaires vus très précocement… mais au-delà d’une certaine date, le virus n’est pas retrouvé. L’infection virale non contagieuse débute d’une manière silencieuse et invisible, puis semble se terminer alors que la dépigmentation commence a être observable, ce qui complique particulièrement les investigations ! Parallèlement, un taux anormalement élevé d’anticorps anti-VZV, non reliable avec les antécédents de varicelle, est retrouvé dans le sérum de bon nombre de patients.
Suite aux résultats de cette étude, il est possible de conclure que :
- le vitiligo segmentaire pourrait être considéré comme une séquelle dépigmentée d’une réactivation virale préalable non contagieuse, de courte durée et de faible intensité
- cette réactivation du virus VZV pourrait s’effectuer au niveau des ganglions nerveux végétatifs et non sensitifs, d’où l’absence de douleurs
- les virus réactivés pourraient cheminer vers la peau en suivant les fibres nerveuses végétatives entourant les artères et artérioles
- en dehors de la dépigmentation, d’autres répercussions ont été décrites au niveau du flux sanguin vasculaire et de la sécrétion de la sueur.
Conséquences pratiques pour le traitement du vitiligo segmentaire
Un traitement antiviral spécifique institué très précocement, alors que le virus est encore présent (avant les 2 premiers mois), peut être suffisant pour obtenir une repigmentation du vitiligo segmentaire sans aucun autre adjuvant.
En revanche, pour les vitiligos segmentaires vus tardivement au stade de séquelles, l’association greffe mélanocytaire / traitement antiviral semble une bonne option pour obtenir une repigmentation plus rapide et de meilleure qualité.
Dans son numéro d’octobre 2022, le magazine Psychologies consacre un article au mouvement nommé « Skin Positive »… dans lequel le vitiligo est abordé, et avec la participation de Emma que vous connaissez !
Skin Positive : quand les "imperfections" de la peau deviennent des atouts
Dans une société où les normes de beauté sont toujours plus nombreuses, des courants tels que le « body positive » ont fait leur apparition il y a quelques années. Il s’agit d’un mouvement social qui favorise l’acceptation et l’appréciation de tous les types de corps humains (les grands, les gros, les maigres, les poilus, les pâles, les colorés, les mutilés…), et qui célèbre donc une beauté plus inclusive et plus naturelle.
Une déclinaison de ce courant s’intéresse plus particulièrement aux maladies de peau (acné, eczéma, vitiligo…) : la « Skin Positivity ». Celle-ci vise à normaliser et libérer la parole au sujet des dermatoses, afin de mettre un terme à l’idée d’une peau « sans imperfection » (qui ne génère bien souvent rien d’autre que des complexes). Précisons d’ailleurs qu’une peau « parfaite » n’existe pas, en dépit des filtres de certaines applications qui retouchent les images afin de lisser le grain de peau, à la façon d’une photo de mode ultra-sophistiquée…
A travers ce mouvement, de nombreuses personnes n’hésitent pas à partager sur les réseaux sociaux des photos de leur peau « mise à nue », sans filtre, constellée de boutons, cicatrices, ou encore de zones dépigmentées. Ces internautes font le choix de ne plus se cacher, pour se réconcilier avec leur image et se détacher de leurs complexes ! Et la tendance prend de l’ampleur : on dénombre les occurrences du hashtag #SkinPositivity à plus de 240 000 sur Instagram aujourd’hui !
S’aider et se soutenir à travers les réseaux sociaux
En utilisant leurs images sur les réseaux sociaux, ces personnes ne cherchent nullement à apitoyer sur leur sort, bien au contraire : elles restaurent leur estime d’elles-mêmes bien au-delà de l’apparence, et font ainsi changer le regard porté par les autres.
Le vitiligo, dont l’évolution imprévisible peut entraîner une altération importante de la qualité de vie, dans la relation aux autres et à soi-même, fait bien sûr partie des sujets abordés sur les réseaux sociaux. Une maladie qui génère peu de souffrances physiques mais peut provoquer un profond désarroi psychologique. En effet, il est aujourd’hui de plus en plus reconnu que la qualité de vie des personnes souffrant de vitiligo est bien souvent perturbée par l’apparition des zones dépigmentées, en particulier au niveau des parties du corps qui sont souvent découvertes (visage, mains…).
Dans son article « Image de soi : faire de nos imperfections des atouts« , le magazine Psychologies évoque ces courants comme « une manière de reprendre le contrôle » sur son corps en revendiquant sa singularité. Une démarche qui peut permettre de s’aider soi-même à mieux vivre avec sa dermatose, mais aussi d’aider les autres internautes inspiré·es par nos actions. A l’instar de la façon dont la mannequin canadienne Winnie Harlow ou la YouTubeuse sportive française Juju Fitcast pour ce qui concerne le vitiligo par exemple, ou de la top model britannique Cara Delevingne à propos du psoriasis.
Néanmoins, le magazine précise qu’il faut relativiser ces nouveaux mouvements, qui peuvent sembler s’imposer comme de nouvelles injonctions à s’assumer au naturel ou à exposer en réalité un mal-être ou une souffrance. Il est donc primordial, en effet, de se sentir prêt·e à affronter quelques retours qui peuvent blessants ou négatifs : des dérives néfastes existent aussi à travers les courants qui se veulent positifs…
En-dehors des réseaux sociaux, vous nous avez aussi fait parvenir depuis de nombreuses années certaines créations personnelles pour « raconter votre peau », à travers des témoignages très variés et tous très touchants, drôles pour certains, poétiques pour d’autres…
Le témoignage touchant d’Emma
L’article du magazine Psychologies cite notamment l’exemple de Emma, qui partage avec les lecteurs son parcours personnel et sportif, en expliquant comment la maladie, loin de l’anéantir, l’a rendue plus forte. Après une période de forte souffrance, elle a décidé de revendiquer son vitiligo sur son compte Instagram @withvitiligo comme une force, une dermatose qui la rend unique.
Vous vous souvenez probablement de Emma, cette jeune femme championne de twirling bâton dans l’équipe de France, que vous aviez vue dans une vidéo tellement authentique et émouvante (voir ci-contre), que nous avions réalisé avec elle et le laboratoire Pierre Fabre.
Aujourd’hui, Emma a rejoint l’Association Française du Vitiligo et anime avec d’autres jeunes le groupe de Paroles de Jeunes !
L’une des membres de nos groupes « Paroles de Jeunes » a participé, le 24 septembre dernier, à une vidéo-conférence à l’occasion d’un groupe de soutien qui s’adresse aux jeunes Américains de 15 à 25 ans. Cette réunion nommée « Purple Patch Teens » était organisée par l’association VITfriends, membre de VIPOC.
La session abordait le thème des parents militant pour la sensibilisation au vitiligo. Les échanges avec les participants (parents et enfants) ainsi que les questions posées ont permis de mettre en exergue certaines similitudes dans les témoignages et les parcours, malgré les différences de langues et de culture… Le vitiligo a le pouvoir de réunir !
Cette première rencontre avec d’autres jeunes donne la force et l’envie de tisser des liens plus forts et renouveler cette expérience, avec pourquoi pas d’autres pays. A suivre…
Les groupes "Paroles de Jeunes" en France
L’Association Française du Vitiligo organise aussi, depuis quelques mois, des rencontres en petit groupe (réunion visio) destinées aux lycéen·nes, étudiant·es ou toute personne en début de vie active. Ces réunions nommées « Paroles de Jeunes » sont une occasion de s’exprimer pour être compris·e, accompagné·e, mais aussi pour rencontrer d’autres personnes du même âge, partager son vécu, échanger sur divers sujets du quotidien…
Si vous êtes lycéen·nes, étudiant·es ou dans le début de vie active, rejoignez-nous pour les prochains groupes « Paroles de Jeunes » ! Ils seront indiqués dans notre agenda et partagés sur notre compte Instagram.
L’utilisation du numérique par les patients ayant une maladie rare
Dans le cadre d’un projet de recherche pour le ministère de la santé, le Centre d’Economie de la Sorbonne (CNRS-Université de Paris 1) réalise une enquête sur les usages du numérique par les personnes qui souffrent de maladies rares.
L’équipe nous a contacté pour relayer cette étude car, même si le vitiligo n’est pas considéré comme une maladie rare, certaines de ses formes sont considérées comme rares. D’ailleurs, l’Association Française du Vitiligo est membre de la Fimarad (Filière Santé Maladies Rares Dermatologiques de l’Hôpital Universitaire Necker).
L’équipe du Centre d’Economie de la Sorbonne a donc réalisé un questionnaire en ligne (40 questions) qui vise à connaître le recours actuel aux outils numériques, pour la prise en charge médicale ou médico-sociale et la coordination des soins au domicile.
Participer, c’est aider notre cause
Ce questionnaire s’adresse à toute personne atteinte d’une maladie rare : il peut être complété par la personne elle-même (ou par un adulte s’il s’agit d’un enfant), ou encore par un proche aidant pour les personnes en incapacité.
Si vous le souhaitez, vous pouvez donc participer à cette enquête (temps estimé : 20 à 30 minutes), car plus le vitiligo rassemblera des données sérieuses, mieux la maladie sera comprise et donc prise en charge.
Les maladies de peau et leur impact sur la qualité de vie
En 2018, le Professeur Andrew Finlay, de l’Université de Cardiff (Royaume-Uni), venait en France pour la première fois afin de présenter son travail (sur invitation de Jean-Marie Meurant, alors président de la Fédération Française de la Peau). Il a notamment publié des études statistiques sur la notions de « fardeau » de la maladie, qui ont alerté les médecins sur la souffrance psychologique liée aux dermatoses.
En 1994, son équipe avait développé un questionnaire nommé « Dermatology Life Quality Index » (DLQI). Celui-ci permet de mesurer la qualité de vie d’une personne affectée par une maladie de la peau ; il s’agit du premier questionnaire s’intéressant à ce sujet dans le cadre des dermatoses. Cette évaluation est aujourd’hui utilisée dans le monde entier, par les dermatologues et les services de dermatologie.
Il y a quelques mois, les équipes de l’Université de Cardiff ont développé une application sur téléphone qui rend accessible et instantanée l’utilisation de ce questionnaire !
Un outil bénéfique pour les malades et les médecins
Grâce à cette application, l’utilisation du questionnaire DLQI est très simple : en répondant à 10 questions, l’utilisateur obtient un score ainsi que sa signification. Les 5 résultats les plus récents sont stockés sur l’application (de façon confidentielle et accessible seulement depuis le téléphone utilisé), afin que les malades puissent suivre l’évolution de leur situation et la partager, si nécessaire, aux professionnels de santé qui les suivent.
L’application DLQI remplit également une mission que l’on défend aussi en tant qu’association : rendre le malade acteur de sa maladie et des impacts sur sa vie quotidienne, grâce à cette forme d’auto-évaluation.
La société pharmaceutique américaine Incyte vient d’annoncer que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé le traitement Ruxolitinib dont nous suivons, depuis plusieurs mois, les différentes étapes d’autorisation comme médicament dans le cadre du vitiligo.
Mise à jour Avril 2023 : ce traitement crème Opzelura a reçu officiellement une autorisation de mise sur le marché valable dans toute l’Union Européenne ! • LIRE PLUS
Une crème nommée Opzelura™ (ruxolitinib)
Le traitement se présente sous la forme d’une crème dont la dénomination commerciale américaine est Opzelura™. La concentration de ruxolitinib y est à 1,5%, pour le traitement topique du vitiligo non segmentaire chez les malades adultes et enfants âgés de 12 ans et plus.
Celiu-ci est approuvé pour une utilisation topique continue 2 fois par jour dans les zones touchées, jusqu’à 10% de surface corporelle. Une réponse satisfaisante du patient peut nécessiter un traitement pendant plus de 24 semaines.
Une grande avancée pour le vitiligo
Opzelura™ est le premier et le seul traitement approuvé par la FDA pour la repigmentation chez les patients atteints de vitiligo, et la seule formulation topique d’un inhibiteur de JAK (Janus kinase) approuvée aux États-Unis.
Nous attendons la décision de l’Agence Européenne du Médicament sur le Ruxolitinib pour l’Europe. Gageons qu’elle soit positive et que les agences nationales du médicament puissent autoriser rapidement la vente du Ruxolitinib pour le vitiligo non segmentaire dans les différents pays européens !
À LIRE AUSSI :
+ Un article assez complet (en anglais) de businesswire.com concernant cette annonce
+ Notre article « Le Ruxolitinib, efficace pour la repigmentation du corps et du visage » (mai 2022)
+ Notre article « Ruxolitinib : résultats incontestables sur la repigmentation du visage » (juin 2019)
Un programme d’Education Thérapeutique sur le vitiligo est en cours de création au CHU de Bordeaux, afin de mieux accompagner les patient·es dans les services hospitaliers de dermatologie. Nous avions abordé le sujet lors de notre Assemblée Générale 2021 : ce programme se concrétise à présent !
Connaître l’expérience des malades pour un meilleur accompagnement
Dans le cadre de l’élaboration de ce programme d’Education Thérapeutique du Patient (ETP) sur le vitiligo, Dr Anne-Sophie Darrigade (médecin dermatologue au CHU de Bordeaux et médecin coordonnateur de l’éducation thérapeutique dans le service de Dermatologie à l’Hôpital Saint-André), a mis en place 2 questionnaires en ligne pour récolter des informations venant des malades eux-mêmes : nos besoins, nos attentes sur la pathologie, les traitements.
A travers nos réponses, témoignages et propositions, l’équipe pourra répondre au mieux à nos questionnements, nos craintes et nos espoirs. Et ainsi, établir un programme qui corresponde le plus possible à nos attentes et nos problématiques.
Le premier questionnaire, plus général sur nos besoins d’accompagnement, pourra aider à construire des temps d’échange sur le vitiligo. Le deuxième est axé spécifiquement sur des ateliers de maquillage correcteur (rapport au maquillage correcteur et habitudes d’utilisation).
D’avance un grand merci pour votre implication à travers ces 2 questionnaires :
Qu’est-ce que l’Education Thérapeutique du Patient ?
Les programmes d’Education Thérapeutique du Patient (ETP) sont généralement proposés dans les services hospitaliers, pour les maladies chroniques à fort impact sur la qualité de vie. Ceux-ci s’adressent aux malades et à leurs proches, par des contenus informatifs et d’accompagnement, individualisés et collectifs. Ils constituent donc une réponse du monde médical à toutes les questions que les malades peuvent se poser.
Ces programmes visent à pouvoir apporter des explications claires et accessibles sur la maladie, tout en prenant en compte les difficultés de la personne et de son entourage dans une prise en charge plus globale.
Jusqu’à présent, beaucoup de maladies chroniques ont déjà fait l’objet d’une ETP… Mais pas encore le vitiligo ! Grâce à vous, à l’Association Française du Vitiligo et bien sûr grâce à l’équipe du CHU de Bordeaux, ce programme va enfin voir le jour prochainement !