Au cours de la dernière décennie, de nombreuses enquêtes ont évalué le fardeau des maladies de peau, mais aucune ne s’est concentrée sur l’impact spécifique de la maladie sur les parties visibles du corps (visage et mains en particulier).
C’est chose faite désormais grâce à une étude épidémiologique portant sur la prévalence des maladies visibles de la peau (Prevalence of visible skin diseases) réalisée par les Laboratoires Pierre Fabre, partenaire de l’Association Française du Vitiligo depuis de nombreuses années.
Cette étude a fait l’objet de deux publications :
- Burden of visible (face and hands) skin diseases, parue dans le JEADV (Journal of the European Academy of Dermatology and Venerelogy)
- Prévalence des maladies cutanées visibles : une étude internationale portant sur 13 138 personnes, parue dans les Annales de dermatologie et de Vénérologie.
L’impact spécifique de la maladie sur les parties visibles du corps
L’étude des Laboratoires Pierre Fabre visait notamment à évaluer le poids de certaines maladies de peau (dont le vitiligo) sur la vie quotidienne des personnes, en fonction de sa localisation : les zones « non visibles » (torse, dos, bras, jambes…) versus les zones « visibles » (visage et mains en particulier).
En effet, nos mains et notre visage nous permettent de nous exprimer, de communiquer avec l’autre, sans même utiliser le langage verbal. Des lésions visibles sur les mains peuvent provoquer le dégoût, la peur de la contagion ou encore le refus du contact direct…
Plus généralement, les maladies cutanées visibles peuvent altérer l’image de soi, et entraîner la perte de confiance, la honte parfois, et la remise en question de sa propre personnalité. Les maladies telles que le psoriasis, l’eczéma, le vitiligo, la rosacée et l’acné n’altèrent pas les fonctions vitales en tant que tel (et en dehors des comorbidités connues), mais elles peuvent affecter considérablement la qualité de vie des malades et de leur famille.
Cette étude a été réalisée en collaboration avec des médecins spécialistes, chercheurs, et associations de patients dont l’Association Française du Vitiligo, représentée par Martine Carré, sa Présidente.
Elle s’est intéressée à 8 dermatoses représentant plus de 50% des maladies de peau : acné, psoriasis, eczéma, vitiligo, ichtyose, eczéma chronique des mains, rosacée et hidrosadénite suppurativa, et s’est appuyée sur un échantillon représentatif de la population, dans 6 pays : Canada, Chine, Italie, Espagne, Allemagne et France.
Au total, 13 138 personnes (hommes et femmes, âgé·es de plus de 18 ans) ont répondu à un premier questionnaire. Parmi ces participants, 26,2% ont déclaré souffrir de maladies de la peau, soit un peu plus de 3 000 personnes, atteintes de l’une des 8 maladies cutanées « emblématiques » sélectionnées. Ces dernières ont été invitées à remplir un questionnaire digital structuré et consolidé avec les associations de malades concernées, portant sur l’impact de ces maladies sur leur vie quotidienne, ainsi que la stigmatisation perçue.
Mains et visage atteints : une souffrance accentuée
Cette étude décrit pour la première fois la prévalence des dermatoses visibles ou apparentes dans un large échantillon. En l’occurrence, une atteinte du visage et/ou des mains à été signalée par 3 patients sur 4 souffrant d’une maladie de la peau ! Ces données sont importantes à prendre en compte lorsqu’on examine la qualité de vie ou le fardeau des maladies chroniques de la peau.
Quelques résultats significatifs ont pu être mis en valeur :
La qualité de vie est principalement altérée lorsque le la localisation visible se trouve uniquement sur les mains.
En plus d’être un outil de communication, la main effectue de multiples tâches fonctionnelles de la vie quotidienne. En conséquence, on constate que la dermatose visible sur les mains a un impact négatif plus élevé sur le quotidien des participants, que celle localisée sur le visage.
Elle est souvent considérée comme un handicap, non seulement dans l’activité professionnelle, les loisirs ou dans les activités sportives, mais également dans les relations sociales et dans la vie affective et intime. En effet, l’altération de la qualité de vie, mesurée par le Dermatology Life Quality Index (DLQI) est plus forte chez les personnes atteintes sur les mains que sur celles atteintes sur le visage (38% avaient un DLQI >10 versus 22% pour le visage).
Certaines personnes se sentent stigmatisées, expriment des difficultés à s’endormir et rapportent que leur vie sexuelle est affectée.
Cette étude démontre aussi le poids élevé des maladies cutanées visibles sur les aspects multidimensionnels de la vie quotidienne des participants. En effet, la présence d’une maladie cutanée sur une zone visible est 2 fois plus préjudiciable à la qualité de vie que la présence de cette même maladie sur des zones non visibles.
Une attention particulière doit donc être accordée aux patients présentant une dermatose des mains et du visage.
Un nouveau programme verra bientôt le jour
Cette étude a permis la mise en place du « Programme Dermatoses Visibles », avec la création et la diffusion d’outils de communication et de sensibilisation : vidéos, application, podcast, etc…
Le Pr Marie-Aleth Richard, dermatologue ayant participé à cette étude, communiquera sur ce programme en juillet prochain, lors du Congrès Mondial de Dermatologie à Singapour.
Un article important est paru récemment dans Le Quotidien du Médecin, média de référence adressé aux médecins, avec un titre engageant : « Le vitiligo, oui, ça se traite » ! Cet article n’est disponible que sur abonnement, mais nous vous proposons ici de vous expliquer ce qu’il révèle, et ce en quoi c’est important.
Le traitement "Ruxolitinib" bientôt disponible en France
Comme on vous l’expliquait dans cet article fin 2022, l’article du Quotidien du Médecin affirme que le vitiligo devrait bientôt bénéficier de ce premier traitement « anti-JAK » sous forme de crème à appliquer, en complément d’une exposition aux rayons ultraviolets naturels ou en cabine. Le « Ruxolitinib » a déjà été approuvé aux Etats-Unis fin 2022 (sous le nom de « Opzelura™ ») ; selon les dernières études, ce traitement est facile à appliquer et globalement bien toléré.
Aujourd’hui, on peut espérer une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les prochains mois par les autorités de santé. Son arrivée peut donc être attendue prochainement pour la France… Quand cela sera le cas, nul doute que le retentissement de cette nouvelle sera plus forte encore. Mais il est important que le message commence à être diffusé dès maintenant, notamment auprès des praticiens en santé, quelque soit leurs spécialités !
Mise à jour (Avril 2023) : la crème a reçu officiellement une autorisation de mise sur le marché valable dans toute l’Union Européenne, qui sera commercialisée sous le nom de « Opzelura » !
En effet, trop nombreux sont les malades à entendre « il n’y a rien à faire » lors du diagnostique de leur vitiligo (76% des malades sont confrontés à ce retour de la part de leur médecin !)… une réponse qui n’est plus acceptable tant les traitements qui ont fait leurs preuves jusqu’à aujourd’hui existent bel et bien ! Nul doute, donc, que cet article aura un impact positif pour tous les médecins qui lisent ce média.
Le vitiligo expliqué aux médecins
Un premier article à propos du Ruxolitinib avait déjà été publié sur le Quotidien du Médecin en décembre dernier. Ce nouvel article, publié en janvier 2023, revient sur le sujet et a été rédigé avec la participation des Professeurs Thierry Passeron (CHU de Nice) et Julien Seneschal (CHU de Bordeaux), membres de notre Comité Scientifique.
Au-delà de rappeler ce qui définit le vitiligo, et ses différentes causes, le Quotidien du Médecin profite de cette publication importante pour rappeler plusieurs points primordiaux que les médecins doivent garder en tête à propos du vitiligo :
• Les différents traitements proposés aujourd’hui sont relativement longs, leur efficacité ne pouvant être évaluée qu’au bout de 6 mois, et la repigmentation restant rare quand il s’agit des extrémités (mains et pieds en particulier). Les objectifs du traitement du vitiligo sont triples : bloquer la dépigmentation, induire la repigmentation et prévenir les récidives.
• Le risque de mélanome (cancer de la peau) est « faible » chez les malades du vitiligo (trois fois moins élevé pour les personnes atteintes de vitiligo, en comparaison avec la population générale). Pr Khaled Ezzedine l’expliquait dans cette vidéo notamment…
• Le vitiligo provoque souvent un fort retentissement sur la qualité de vie, dans la relation aux autres et à soi-même, et avoir un impact considérable sur le plan psychologique, « comparable à celui de la dépression et de certains cancers en Europe »…
Le Professeur Nadège Cordel, Chef du service Dermatologie-Immunologie Clinique-CHU de Guadeloupe, nous apporte une bonne nouvelle du côté des Antilles ! Après une période de sous-effectif médical critique dans la spécialité, le CHU de Guadeloupe est désormais en mesure de reprendre le traitement classique du vitiligo par photothérapie (UVB). Au CHU de Martinique, ce traitement est couramment pratiqué dans le service de dermatologie sous la responsabilité du Dr Emmanuelle Amazan.
Le vitiligo aux Antilles
Face au manque d’information sur l’offre de soins disponible aux Antilles, de trop nombreuses personnes souffrant de vitiligo ont eu tendance à chercher une solution du côté de Cuba. L’île est relativement proche, et ce traitement était en vogue durant les années 70, mais les résultats n’ont été que très rarement prouvés scientifiquement. Pourtant, soigner le vitiligo est possible aujourd’hui. Les traitements visent à bloquer la dépigmentation, induire la repigmentation et prévenir les récidives.
C’est donc une bonne nouvelle pour les personnes atteintes de vitiligo vivant en Guadeloupe et Martinique : la photothérapie, traitement de 1ère ligne démontré scientifiquement et efficace, est désormais plus facile d’accès et réalisable au CHU de Guadeloupe, comme il l’était en Martinique.
En effet, le service de dermatologie-immunologie clinique s’est doté d’une cabine de photothérapie ASTIV 338 UV 7002K Waldmann, qui délivre les rayons UV médicaux nécessaires au traitement de 1ère intention du vitiligo. Les séances se font au rythme de 3 fois par semaine et sont prises en charge par la sécurité sociale, sous réserve d’une demande d’entente préalable.
Les personnes vivant aux Antilles étant particulièrement exposées au soleil, il leur est recommandé d’utiliser une photoprotection externe (crème solaire) adaptée à la carnation et aux éventuels antécédents de cancer cutané, en-dehors des séances d’exposition solaire prescrites précisément pour induire la repigmentation (UV en cabine ou UV naturels).
Rappelons que la dépigmentation peut survenir à n’importe quel moment de la vie, n’importe quel âge, quelle que soit la couleur de la peau ou le genre de la personne, quel que soit son lieu d’habitation. Retrouvez les quelques règles d’or à respecter pour bien prendre soin de sa peau, les gestes du quotidien sont importants pour ralentir l’évolution et l’extension du vitiligo, sur notre page de conseils pratiques !
Comment prendre rendez-vous
Un courrier du médecin traitant (ou pédiatre s’il s’agit d’un enfant) ou d’un dermatologue est nécessaire pour confirmer le diagnostic et débuter le traitement lors d’une consultation avec le dermatologue du CHU en charge de l’activité.
- Pour prendre rendez-vous en Guadeloupe, il suffit d’envoyer un mail à l’adresse sec.pfma@chu-guadeloupe.fr, en précisant en objet « demande de consultation pour vitiligo », avec le courrier du médecin en pièce jointe.
- Pour prendre rendez-vous en Martinique, il faut téléphoner au secrétariat du service de dermatologie (05 96 55 21 75) ou se rendre sur place, muni du courrier.
L’animatrice TV et sportive Nathalie Simon, championne de France de planche à voile en 1986, est atteinte de vitiligo depuis 24 ans et elle a choisi de ne plus le cacher ! Il y a quelques jours, elle a décidé de mettre son image au service de la lutte contre la maladie, et de briser les idées reçues.
Photos : © Nathalie Simon
Porter le vitiligo en tant que personnalité publique
Comme elle l’a confié à France 3 récemment, Nathalie Simon se lance dans un combat pour mieux faire connaitre le vitiligo. En tant que personnalité publique, l’image et le regard des autres est particulièrement important. Nous avions d’ailleurs abordé le sujet dans notre Groupe de Partage et de Soutien sur le thème « Montrer ou cacher son vitiligo« . Mais après l’avoir dissimulé pendant de nombreuses années à travers le maquillage correcteur, l’animatrice a admis qu’il était parfois trop compliqué de poursuivre dans cette voie, notamment de par ses activités régulières en plein air et parfois dans l’eau.
Alors, elle a décidé qu’à partir de 2023, elle n’allait plus le cacher (c’est déjà le cas depuis quelques mois), et qu’elle allait même le montrer et être active dans le combat contre la maladie ! Soutenue par sa fille, elle ajoute même qu’elle souhaite « apprivoiser, aimer [son] vitiligo… et surtout aider les gens qui en souffrent à retrouver de l’optimisme ! »
Un changement d’approche que l’on salue, car il peut permettre aux malades de se sentir moins seul·es face à la maladie. Et cette initiative est d’autant plus enthousiasmante qu’elle profite de sa visibilité pour faire passer des informations importantes que trop de personnes (incluant des médecins et dermatologues) ignorent encore aujourd’hui… notamment le fait que soigner le vitiligo est possible aujourd’hui.
Un échange avec Pr. Passeron (CHU Nice)
Nathalie Simon, qui réside dans le Sud de la France et est actuellement animatrice sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, a débuté un traitement auprès du CHU de Nice et du Pr Thierry Passeron, membre de notre Comité Scientifique. Atteinte au niveau des mains et des coudes en particulier, elle a pu observer à cette occasion que le traitement fonctionnait bien.
Cette rencontre lui a donné l’idée de publier un échange sur son compte Instagram, suivi par plus de 28 000 abonnés ! Ensemble, ils ont abordé des points fondamentaux du vitiligo, notamment la façon dont il se déclenche, les différentes formes de vitiligo, et comment les traiter.
Nous rappelons que le CHU de Nice fait partie des 3 centres de référence du vitligo en France, aux côtés des CHU de Créteil et de Bordeaux.
Nathalie Simon sera bientôt de retour sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans sa nouvelle émission « Waouh le Sud », rencontre avec de grands sportifs de la région ; le dimanche 19 février à 12h55, elle sautera en parachute avec les champions du monde Greg Crozier et Karine Joly !
En juin 2021, l’Association Française du Vitiligo était contactée par Madame Huguette Kalenga Fabiola, de nationalité Congolaise et vivant en République Démocratique du Congo. Concernée par le vitiligo, elle est aussi très sensible aux problèmes que rencontrent toutes les personnes qui en souffrent, et souhaitait alors créer une association afin d’apporter soutien, réconfort, informer, se mobiliser pour cette même cause.
Sans aucune hésitation, la réponse de l’Association Française du Vitiligo ne se fait pas attendre, et accepte d’apporter son aide. Après de nombreux échanges, conseils, encouragements, l’Association Franco-Congolaise du Vitiligo (AFCV) a vu le jour, en décembre 2021 et est devenue en même temps membre de VIPOC (Vitiligo International Patients Organization Committee).
Une fabuleuse énergie déployée pour le vitiligo
Depuis un peu plus d’un an, Huguette Kalenga Fabiola (Présidente de l’AFCV) et les membres de son association, ont réalisé plusieurs actions de sensibilisation à Kinshasa ; notamment une conférence de presse dans les locaux du ministère de la Santé Publique du Haut-Katanga, en présence du Dr François Kapamba (Directeur chef de division du ministère de la Santé Publique), de médecins dermatologues, cliniciens de la province de Lubumbashi, et de nombreux médias (TV, radios, presse).
Cette conférence de presse a permis d’informer sur le vitiligo et les discriminations dont souffrent les malades. L’AFCV a aussi fait part de son souhait d’obtenir les autorisations nécessaires à l’accès au nouveau traitement Ruxolinitib, récemment approuvé par la FDA pour les Etats-Unis.
De plus, l’AFCV a lancé officiellement son projet d’identification des personnes atteintes du vitiligo en République Démocratique du Congo, afin que la maladie soit inscrite dans le répertoire des pathologies reconnues par le Ministère de la Santé Publique. Elle milite également pour la création d’un laboratoire spécifiquement dédié aux examens dermatologiques.
En matière de communication, l’AFCV étudie de nouveaux concepts artistiques tels que la musique ou l’art graphique, afin d’améliorer ses campagnes et ses outils. Ainsi, l’association a récemment révélé des mascottes sous les traits d’un couple de super héros (voir image ci-dessous) !
Un flashmob a eu lieu au rond-point des Huileries à Kinshasa (l’un des carrefours les plus fréquentés de la capitale, voir photo ci-contre) ce 14 janvier 2023, avec la participation de plusieurs personnes malades rassemblées autour de l’accroche « Je suis vitiligieux, je brise le silence ».
Un grand bravo à l’AFCV, pour sa force et sa combativité ! Nous restons à ses côtés et ne manquerons pas de vous informer de leurs actions !
Le Vitiligo International Symposium (VIS) s’est tenu du 9 au 11 décembre dernier à Bangalore (Inde), et Nicolle, une des membres du Bureau de l’Association Française du Vitiligo a pu y participer ! Elle nous offre un résumé de cet événement international, organisé par la Global Vitiligo Foundation (GVF), qui a réuni près de 200 personnes : médecins, laboratoires, chercheurs, dermatologistes, les plus grands experts du vitiligo, venus du monde entier.
L’édition 2022 avait pour thème central : “Unloading the burden of vitiligo” (« Soulager le fardeau du vitiligo »). Les malades étaient représentés par les membres de VIPOC (Dr Maya Tulpule pour l’Inde, Stephen Taylor pour les USA, Gaone Matewa pour l’Afrique du Sud et Nicolle Maquignon pour la France), qui ont eu l’opportunité de présenter leurs différentes associations en session spéciale, mais aussi leurs réalisations et leurs attentes. Ils ont également eu le privilège d’accéder aux communications scientifiques, sans oublier les échanges formels et informels, avec les participants pendant ces 3 journées !
Les communications scientifiques de VIS 2022
La complexité de la physiopathologie de la maladie a été soulignée, impliquant les aspects génétiques, l’auto-immunité, les facteurs environnementaux, ou encore le stress oxydatif (Dr Hamzavi, Parsad, Dr Esmat).
Les communications scientifiques ont, entre autres, abordé également :
- les comorbidités, et notamment ce qui concerne la thyroïde (Dr Benzekri, Maroc),
- le risque du cancer, moins élevé chez les personnes atteintes de vitiligo (Dr Singh, Inde),
- l’importance du facteur psychologique (R. Carafello, Angleterre),
- la correspondance des zones atteintes de vitiligo segmentaire et le trajet sous cutané des vaisseaux artériels superficiels (Dr Gauthier),
- le traitement par photothérapie (Dr Narayan, Pays-Bas),
- les différents outils de mesure de l’évolution de la maladie (“Vitiligo Disease Activity Score” ou VIDA, “Vitiligo Signs Activity Score” ou VSAS, “Vitiligo Extent Scores” ou VES) (Dr R Mogawer, Egypte).
Visitez le site de la Global Vitiligo Foundation
pour en lire plus (articles et travaux scientifiques) !
Actualités internationales des différents traitements du vitiligo
Les avancées notables en matière de recherche sur le traitement du vitiligo ont été au centre de nombreuses communications, concrétisant des espoirs depuis longtemps exprimés. C’est le cas en particulier des inhibiteurs de JAK, qui constituent aujourd’hui une promesse bien réelle : le traitement topique ”Ruxolitinib” (Jak1/Jak2), récemment approuvé par la FDA pour les Etats-Unis (qui en fait le seul traitement spécifique pour le vitiligo à ce jour).
Les résultats des différents essais cliniques révèlent sa bonne efficacité sur toutes les parties du corps, y compris les pieds et les mains, souvent plus difficiles à repigmenter. Pr Passeron (ci-contre, membre de notre Comité Scientifique) a rappelé dans sa communication qu’il peut être utilisé seul ou, mieux, associé à la photothérapie pour un bénéfice optimal.
D’autres traitements en cours d’étude ont été présentés :
- Traitements topiques : Tofacitinib, Cerdulatinib, Cerdulatinib,
- Traitements systémiques : Ritlecitinib (Pfizer), Baricitinib, Baricitinib, Brepocitinib
Des études plus spécifiques portant sur les pieds et les mains sont aussi en cours, menées par le Pr Hyun Jeong Ju (Corée) et le Dr Yasmin Tawfik (Egypte). Il a été rappelé que d’autres formes de traitements sont également possibles (laser, greffes…) en fonction de la spécificité du vitiligo et de l’attente du malade.
La totale dépigmentation est aussi présentée comme une solution, qui doit être très prudemment envisagée et exige que le malade soit très bien informé de sa réalisation et de ses conséquences (D M Abdallah, Egypte). Enfin, les médecines alternatives et l’apport en vitamine D ont également fait l’objet de communications (Pr Grimes, Etats-Unis).
Le fardeau du vitiligo, thème central de ce VIS 2022
Les prises de parole des Dr Parsad, Dr Pandya et Dr Hamzavi ont ouvert la discussion concernant le fardeau dont souffrent les personnes atteintes de vitiligo. Son impact sur la qualité de vie des malades mais aussi celle de leurs proches (parents, frères et sœurs, amis…), sur sa vie professionnelle, amoureuse ne peut plus être négligé et doit faire l’objet d’une prise en charge spécifique.
Des constats amers, à propos de ces « taches blanches qui affectent l’âme » (Dr Hamzavi) :
La manque de confiance et de sensibilisation/d’information, tant chez les malades que chez les médecins, résulte en des situations de grande frustration des médecins (près de 70 %) qui ne voient pas le traitement proposé aboutir, et frustration des malades (près de de 50 %) qui ne suivent pas leurs traitements (trop longs, peu de résultats immédiats).
Par ailleurs, plus de 50 % des malades entendent lors de leur consultation qu’il n’y a « rien à faire »… Et le poids économique du vitiligo n’est pas suffisamment évalué : hospitalisation dues aux comorbidités, santé mentale, coût du traitement et contraintes (exemple : la photothérapie nécessite des déplacements et du temps).
Quelques chiffres alertants :
71% des personnes s’inquiètent à propos de l’évolution de la maladie,
57% expriment un sentiment de honte,
55% sont tristes et dépressifs voire suicidaires, avec des comorbidités psychiatriques importantes,
25% manquent de confiance en eux.
Etudes épidémiologiques et création du "Global Vitiligo Atlas"
Lors d’un groupe de travail organisé par Pr Ezzedine (membre de notre Comité Scientifique), avec la participation des patients indiens présents lors du Symposium (dont certains, membres de l’association indienne Shweta) et les représentants de VIPOC, celui-ci a rappelé l’importance des études épidémiologiques, indispensables pour comprendre et évaluer le poids du fardeau et son impact sur les différentes populations touchées par la maladie, en tenant compte notamment de leur situation géographique (prévalence, stigmatisation dans certains pays, rejet… ).
En 2015, les critères retenus par les chercheurs pour évaluer l’efficacité des essais cliniques portaient sur trois points : la repigmentation, les effets indésirables et le maintien de cette repigmentation. D’autres critères ont été recommandés depuis (qualité de vie, évolution de la maladie…), mais les études montrent que ces derniers n’ont pas été toujours été pris en compte.
Le questionnaire « Qu’attendez-vous de votre traitement ? Quels résultats sont véritablement significatifs pour vous ? », distribué aux participants a permis d’appréhender la diversité de leurs attentes… pas toujours en accord avec celles des chercheurs. Et surtout, il a permis de constater l’unanimité quant à l’impact sur la qualité vie (la stigmatisation est très forte en Inde tout particulièrement).
Pour les chercheurs, il s’agit non seulement d’obtenir des résultats probants quant à l’efficacité clinique du traitement, mais également de prendre en compte le vécu des patients, leur ressenti et leurs attentes, pendant et à la suite de ce traitement.
Des enquêtes doivent être menées plus largement auprès des patients (enfants et adultes) et de leurs proches, afin d’obtenir un consensus sur une normalisation des mesures de résultats (Core outcomes set). L’objectif est de conduire à des études plus facilement exploitables par tous les chercheurs, essentielles aux décideurs politiques en matière de santé.
Le prochain Vitiligo International Symposium aura lieu au Caire (Egypte), en décembre 2024
Meilleurs voeux !
Toute l’équipe de l’Association Française du Vitiligo vous souhaite une très belle nouvelle année !
2023 s’annonce riche en actualités et en réalisation de projets, pour continuer à défendre et représenter les malades : voici l’édito de Martine Carré, Présidente de l’AFV.
Au nom de tout le Conseil d’Administration et en mon nom personnel, je formule pour chacun d’entre vous qui nous suivez, nous soutenez, nous rejoignez, une année 2023 comme nous n’en avons jamais connue : une année pendant laquelle nous verrons l’aboutissement des recherches pour nous apporter enfin des solutions thérapeutiques.
Nous devons tous continuer à nous mobiliser pour que, jamais plus, la phrase « il n’y a rien à faire pour le vitiligo » ne soit encore prononcée, pour que malgré le manque de dermatologues, nous soyons soignés et accompagnés, pour que dans la rue, à l’école, sur les lieux de travail, dans les magasins, dans les loisirs ou les activités sportives, nous ne soyons plus regardés avec curiosité, pitié ni dégout.
C’est ensemble, grâce au soutien fidèle et extrêmement compétent de notre comité scientifique, aux laboratoires qui nous permettent financièrement de mener des projets, grâce à vos indispensables cotisations, que nous arriverons à atteindre nos objectifs : informer, accompagner, soutenir et représenter.
Soyez attentifs car l’année 2023 comptera :
une meilleure prise en charge du vitiligo,
des moyens nouveaux pour communiquer sur notre maladie,
et une véritable reconnaissance de son fardeau.
Tous mes vœux pour une bonne et heureuse année !
Martine Carré,
Présidente de l’Association Française du Vitiligo
Les vidéos sur YouTube sont l’un des moyens les plus populaires de rechercher des informations dans le monde numérique d’aujourd’hui. En ce qui concerne le vitiligo, votre association a réalisé plusieurs vidéos dans les années passées : interviews, tables rondes, reportages… avec l’aide précieuse des membres de notre Comité Scientifique, notamment.
Nous envisageons de développer ce média dans un futur proche afin de permettre aux informations de se transmettre de façon un peu plus accessible encore, à ceux qui souhaitent partager du contenu et à ceux qui le recherchent.
Ces vidéos sont regroupées sur notre chaîne YouTube où nous vous proposons des ressources variées, organisées en différentes playlists, que l’on vous détaille dans cet article…
Les traitements du vitiligo
Une de nos conférences vidéo a permis de présenter un état des lieux général des connaissances autour du vitiligo, des traitements actuels et des recherches en cours, avec Pr Thierry Passeron (Dermatologue CHU Nice), Pr Julien Seneschal (Dermatologue CHU de Bordeaux-INSERM), Pr Katia Boniface (CHU de Bordeaux-INSERM). Le Pr Seneschal est également intervenu dans une autre conférence, afin de mieux expliquer les mécanismes à l’origine du Vitiligo.
Par ailleurs, un échange en ligne réalisé avec le service de dermatologie de l’hôpital de La Timone, à l’occasion du passage à Marseille du Tour de France du Vitiligo (2021), a permis d’aborder le sujet important de la prise en charge des patients atteints de vitiligo, du parcours de soin qui leur est proposé, et de l’éducation thérapeutique des patients.
Dans une autre vidéo, Pr Laila Benzekri (Maroc) a expliqué en détails les procédés de greffe mélanocytaire pour traiter le vitiligo ; Dr Michel Pascal (Dermatologue à Paris) a également abordé le sujet de Viticell, en tant que procédé innovant dans ce traitement.
Enfin, les traitements du vitiligo par UV-thérapie ont été détaillés avec Dr Michel Pascal (Dermatologue à Paris) et Pr Khaled Ezzedine (CHU Créteil).
Repigmentation du vitiligo
A travers les vidéos de cette playlist, Pr Julien Seneschal (CHU Bordeaux) aborde le sujet de l’atteinte du visage du vitiligo, et Dr Yvon Gauthier (ancien responsable de la consultation des troubles pigmentaires de l’Hôpital Saint-André Bordeaux) détaille l’activation des « précurseurs de mélanocytes du derme » en tant que nouvel espoir pour la repigmentation du vitiligo.
Il a également abordé le sujet de la repigmentation marginale du vitiligo dans une autre vidéo, aux côtés de Pr Laila Benzekri (Professeur à l’Université Mohammed V Souissi, Service de Dermatologie CHU Ibn Sina Rabat – Maroc).
Nouvelles pistes pour le vitiligo
Dans ces vidéos, Pr Katia Boniface et Pr Julien Seneschal (CHU de Bordeaux) indiquent que les mécanismes du vitiligo sont de mieux en mieux précisés, en détaillant les traitements innovants en développement. Les actualités thérapeutiques du vitiligo ont également été abordées avec Pr Anne-Claire Bursztejn, à l’occasion d’une conférence en ligne réalisée à l’occasion du passage du Tour de France du Vitiligo à Nancy (2021).
En outre, en 2015 Professeur Laila Benzekri (Université Mohammed V Souissi, Service de Dermatologie CHU Ibn Sina Rabat – Maroc) abordait déjà le sujet d’une « nouvelle ère dans la recherche » et Pr Thierry Passeron (MD, PhD Service de Dermatologie & INSERM U1065, équipe 12, C3M CHU de Nice) expliquait les progrès et les perspectives dans les traitements du vitiligo.
Comorbidités, facteurs aggravants et précautions
Pr Kkaled Ezzedine (dermatologue-épidémiologiste au CHU Henri Mondor de Créteil) explique en quoi les risques de développer un cancer de la peau sont moins élevés quand on a du vitiligo, et pour quelles raisons les traitements par photohérapie ne sont pas dangereux. Il aborde également la thématique « Vitiligo et stress« , dans une vidéo où il partage les résultats intéressants d’une étude menée sur ce sujet.
Dr Yvon Gauthier (Chercheur, Ancien responsable consultation troubles pigmentaires, Service Dermatologie Hôpital St André Bordeaux) a par ailleurs détaillé les maladies associées au vitiligo, et les affections thyroïdiennes en particulier.
Une autre vidéo aborde l’angle de la « sociologie du vitiligo« , avec Stéphane Heas (maitre de conférences HDR, sociologue à Rennes) : quelle place occupe le vitiligo dans la société, en tant que malade et en tant qu’individu, dans ses relations et représentations sociales.
La vidéo la plus vue
A l’occasion des Journées Dermatologiques de Paris (décembre 2017), Pr Thierry Passeron (CHU Nice) nous avait parlé des actualités du traitement du vitiligo : une interview qui cumule plus de 33 000 vues (fin 2022), dans laquelle il s’était déjà montré très confiant sur les traitements actuels et ceux qui verront le jour dans un avenir proche… Nos actualités plus récentes prouvent qu’il avait de bonnes raisons d’être optimiste !
Voir aussi…
Comme on vous l’annonçait en septembre 2021, les Professeurs Passeron (CHU Nice) et Seneschal (CHU Bordeaux), membres du Comité Scientifique de l’AFV ont commencé à mener une étude appelée « ERASE Vitiligo » (Early Repigmentation Approach for Stopping the Evolution of Vitiligo), dont les premiers résultats sont intéressants ! Avant de pouvoir publier quoique ce soit, les équipes de ces deux CHU souhaitent recruter de nouveaux patients pour approfondir les résultats…
Lisez cet article et participez à l’étude si vous le pouvez : la recherche a besoin de vous…
Qui peut participer ?
Les équipes recherchent plus particulièrement des personnes de 18 à 40 ans, avec un vitiligo non-segmentaire (qui touche donc plusieurs zones du corps), ayant au moins une lésion de plus de 2cm en dehors du visage, des mains, des pieds, des grands plis…
Si le vitiligo s’es déclenché il y a moins de 6 mois, contactez vite l’équipe car c’est le segment dans lequel il y a encore trop peu de patients ! Si les plaques existent depuis plus de 2 ans, contactez aussi les CHU pour participer à cette étude : il reste quelques places pour intégrer des participant·es.
Attention, les personnes correspondant aux critères ci-dessous ne peuvent pas participer à l’étude :
- Diabète, hypertension artérielle, contre-indication à la corticothérapie générale et à la photothérapie
- Lésions localisées uniquement sur le visage, aisselles, mains et pieds.
Comment s’inscrire ?
Envoyez vos informations (prénom, coordonnées, âge, et type de vitiligo) à :
CHU NICE : houis.a@chu-nice.fr
CHU BORDEAUX : nicolas.andreu@chu-bordeaux.fr
Déroulement de l’étude et contraintes
Tous les patients recevront un traitement associant des comprimés (minipulse de cortisone) à prendre à leur son domicile 2 fois par semaine, et une photothérapie UVB en cabine (à faire près de leur domicile) pendant 6 mois.
Il est prévu par ailleurs :
- 3 visites au total (à l’inclusion de l’étude, puis à 3 et 6 mois de traitement) sur place à Nice ou à Bordeaux ;
- 2 biopsies cutanées (1 à l’inclusion, et 1 après 6 mois de traitement), afin d’analyser la réponse immunitaire et notamment les lymphocytes T mémoires ;
- prises de sang à l’inclusion, puis à 3 et 6 mois.
Le traitement est totalement pris en charge ; une indemnité est prévue pour couvrir d’éventuels frais de déplacements.
Cette étude bénéficie du soutien financier de l’Association Française du Vitiligo, pour faire avancer la connaissance du vitiligo et des nouveaux traitements qui pourraient être préconisés par les dermatologues.
Vous pouvez également, si vous le souhaitez, participer à son financement (déductible des impôts) via les sites www.cure-vitiligo.com ou https://www.fonds-aveni.fr/don-ligne (choisir la thématique « Innovation médicale » et « Centre International de Recherche et de Traitement du vitiligo »).